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Renaissance d'Alain
26 avril 2016

Nouveau

Journal de bord de ma renaissance

Le réveil vient d’afficher quatre heure.

Encore une nuit où la déesse Morphée m'attire puis me repousse, jeu de cache cache où les règles changent à chaque nuits, rythmant ainsi la fatigue du lendemain. Tout est si confus dans ma tête. Des images passent et repassent sans cesse, avec toujours cette même sensation inexplicable de douceurs, de douleurs et d’interrogations. Voilà plus d’heure que mon corps cherche le sommeil et que mon cerveau lutte contre tout repos. Sensation bizarre. Toujours ce même rêve qui revient sans cesse. Toujours ces nuits d'angoisses et de doutes, où de nouveau perdu j’erre dans les chemins sinueux et accidentés de mon devenir.

Comme maintenant où la peur au ventre, j'avance, moi, l'oiseau évoluant au dessus des mers, ivre de vitesse et de liberté. Je me vois rasant les falaises, sillonnant les plaines puis d’un coup d’aile revenir me blottir dans mon nid douillet.

Morphée vient d’arriver mon sommeil peut enfin commencer.

Blotti dans mon cocoon, je me sens apaisé. Me revoilà en bel oiseau, aigle blanc au regard perçant et aux cers aiguisés. Dans la lumière ouatée de l'épais brouillard, je caresse ses gouttelettes, je plane, plaisir léger de la liberté du corps et de l'esprit. Je vole, je vole et m’enivre des embruns maritimes, mon regard sur l’horizon est sans limite, je suis serein. Incroyable spectacle de liberté et de beauté, je suis bien. Au loin des montagnes de roches ruisselantes reflètent sur l’océan  d’extraordinaires lueurs bleues vertes d'une intense puissance. Quelques battements d’ailes et me voilà à leur hauteurs. L’endroit n’est que douceur, je m’y sens bien. Une forte vague vient me frapper le bec, je glisse, je glisse , je suis poussé vers les chaudes lumières.

Aucune fuite ne m’est possible, je suis aspiré. J’ai beau déployer mes ailes, l’aspiration est de plus en forte. Je suis happé.

Sensation bizarre de confort  et d’angoisse. Je tombe et aidés de mes cers aiguisés, je m’accroche à la roche qui se dérobe, je tombe, je tombe, mes ailes se décrochent et dans un dernier effort je m’essaie de les retenir. Sous mes griffes, la lumière et la chaleur sont immenses, je vais m’écraser, me brûler, je crie.

Je me réveille, je suis en sueur.

Il est 4h02, le voyage a duré deux longues minutes.

Tout est calme. Mon épouse est allongée près de moi, sa douce respiration à peine audible m'apaise. Tout est silence, mes deux filles dorment. Le lit n’a pas bougé. Je n’ai plus de plumes ni de griffes mais suis trempé de sueur.

Me voilà de nouveau réveillé, partagé entre plaisir et terreur, il m'est difficile de retrouver une quiétude et ce repos réparateur tant espéré.

Perpétuel questionnement de mon retour auprès des miens: conséquence de mon accident cardiaque de mort subite récupérée. Il est 4h20, je me rendors.

2 ans auparavant :

Commercial dans une société de services, chaque matin je pars travailler avec la voiture de société. Depuis peu, la société m'a attribué une voiture neuve, une petite commerciale. Hélas celle-ci n'est pas adaptée à ma taille. Il est vrai que mon mètre quatre vingt huit n’est pas compatible n’est pas avec une bonne position de conduite. Celle-ci  est inconfortable, le siège conducteur bloqué à fond n'y fait rien. J’ai mal au mal au dos et malgré mes propos, la direction ne veut rien entendre, aucun changement de véhicule n’est prévu. Qu’importe , j’ai du boulot mais j’ai mal au dos !.

Ce matin, il fait froid et un peu de brume matinale habille les arbres qui dévêtus de leurs feuilles ont tristes mines en cette fin d’automne.

Je roule. Aujourd’hui, à la radio passe un vieux morceau du groupe « Scorpions », quelle voie ce . Quel plaisir ce morceau, langoureux à souhaits, souvenirs, souvenirs qui. me font oublier ma nuit agitée. Bien que fatigué la journée va être longue. Je dois visiter mon plus gros client et programmer les actions de formations à venir. L’accumulation de travail puis ce rêve redondant ont rendu la nuit courte et compliquée. Mais qu’importe, la visite de ce matin se passera bien. Le client est sérieux et les nombreuses sessions de formations dans leurs locaux, ce sont dans l’ensemble bien déroulées. Je suis confiant, certes un client n’est jamais acquis, surtout dans le milieu de la formation où la concurrence est rude. Nombreux sont les formateurs qui se mettent à leur compte et inondent le marché par des prix bas. Pas facile dans ces conditions d’être serein.. J’ai basé mes relations clients sur la confiance et le respect ; bases pour moi, de toutes relations commerciales. Ce matin je suis confiant, ce soir je ne rentrerai pas bredouille.

8h30 Je suis à mon bureau et comme tous les matins , j’ai droit un discours moralisateur sur les objectifs à réaliser. La fin d’année est proche et la compétition bien qu’inégale avec les autres agences de la société est rude. Comme si la concurrence extérieure ne suffisait pas, je dois être vigilant pour ne pas me faire piquer mes clients par mes collègues. Le contexte économique est chaotique, l’ambiance à l’agence est tendue, des effluves d’agressivité se font sentir.

9h30 Il est tant de partir en clientèle et de quitter cette pression étouffante. Sur le parking, des stagiaires en formation manœuvrent les nacelles,  il fait froid et les cigarettes vont bon train. Au loin j’aperçois un formateur, je lui fait signe d’un bonjour de la main.

9h31 Je respire à plein poumon, un peu d’air va me permettre de mieux respirer et libérera cette oppression quotidienne.

9h32 Je m’écroule sur le parking, inanimé, je suis mort.

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Du fond du parking me voyant tomber, un formateur accourt et appelle les collègues.

C’est la pause cigarettes pour les stagiaires en formation Sauveteurs Secouristes du Travail, l’un deux se trouve très vite près de moi et me prodigue les premiers secours.

Tout s’accélère. Les pompiers sont appelés. Toute l’agence est sur le qui vive !

Un vent de panique souffle sur l’agence. La mort rode.

Le massage respiratoire commence. Mes collègues SST arrivent, me trouvent allongé sans vie. Sous le coup de l’émotion l’un deux angoissé et apeuré de me voir ainsi, recule et ne peut intervenir. L’ émotion le gagne. L’autre collègue s’exécute et prend le relais du pauvre stagiaire qui d’un exercice est passé directement à la pratique.

Les deux sauveteurs, tour à tour, effectuent le massage cardiaque et m’insufflent de l’air.

Aucune traîne de souffle par ce froid émane de ma bouche, je suis mort, aucun pouls n’est présent. Je suis s&ns vie.

S’engage alors un dialogue irréel entre les deux secouristes :

-          Masser, masser, encore masser, Alain reste avec vous, merde, Alain

-          A ton tour, ne t’arrête pas, masse, masse, en cadence, allez masse

-          …10,11,12,13,14,15…50

-          insuffle

-          1,2,3,4,5,…20,21,22…50

-          çà caille, j’ai chaud, putain de massage

-          on s’en fout, putain, masse

-          ils viennent quand les pompiers ?

-          t’occupe masse !

-          fais chaud, merde, je fatigue

-          t’occupe masse,

-          à moi maintenant, 1,2,3,4,5,6,…20,21,22…50

-          merde c’est quoi ce monde autour ?

Un attroupement s’est crée autour de moi, drôle d’attraction que celui d’un être mourant.

-          barrez vous, laissez nous tranquilles !

-          masse, masse

-          …

Le contexte géographique :

La scène se passe dans la société située dans une nouvelle zone industrielle tout proche d’Angers. Cette zone industrielle n’a pas encore fait l’objet de cartographie par les moteurs de recherche spécialisés. Seuls les habitués connaissent les lieux. Cependant pour tout établissement qui reçoit du public, un plan de prévention et d’évacuation doit être effectué et mis à disposition des pompiers. Ce qui dans la société où j’étais employé n’a jamais été réalisé même si le cœur de métier est la sécurité sur le poste du travail.

Les pompiers appelés se perdirent !

Sur ordre d’une de mes collègues et afin de faciliter l’intervention des pompiers, l’ordre est donné de positionner chaque formateur sur un point de la zone industrielle. Le temps m’est compté. Les secondes paraissent des heures et les massages cardiaques s’amenuisent.  Les gars fatiguent.

9h52 A grands coups de sirènes, les pompiers arrivent, le camion entre avec fracas sur le parking sous le regard ahuris des stagiaires et des collègues. Tout se passe très vite. Je suis immédiatement pris en charge. Mais à la grande surprise de tous, les moyens envoyés ne sont pas en adéquations avec mon problème. Un vent de panique souffle alors sur ce parking maudit. Je suis toujours mort et personne ne peut rien faire.

Devant tant d'impuissance, le Service Médical d’Urgence Réanimation du CHU est appelé

10h12 Le véhicule du SMUR entre sur le parking, avec à son bord le matériel approprié pour mon cas sans vie.

Là encore, tout se passe très vite, je suis mis sur un brancard. Celui-ci entouré de draps, devient scène de crime. A coup de chocs électriques, le médecin urgentiste tente en vain de me réanimer. Rien n'y fait. Je suis mort.

A la pose du drap autour du brancard, mes collègues crurent que tout était fini, que ma vie avait cessée.

A force d'acharnement et après sept chocs électriques, un once de vie très infime se fit sentir

Mon épouse contactée par téléphone et accompagnée de ma fille aînée arrivent sur le site.

Je ne suis pas mort. La vie est là, présente mais au combien fragile.

Sur le parking l’ambiance n’est certes pas à la fête et malgré les larmes et visages déconfits, l’espoir est permis. La vie ne s’est pas enfuie. L’urgence est vitale.

Le médecin urgentiste décide de « tenter le coup » et le SMUR suivi du véhicule de mon épouse prennent la direction du CHU.

15 minutes de trajet c’est long, très long. La lumière bleue du SMUR par intermittences balaye les visage de mon épouse, de ma fille.. Dans leurs regards tout n'est que douleur et angoisse. Vais-je pouvoir vivre ?

Il y a urgence ! Les boulevards et la rocade se transforment en un tapis de velours me conduisant ainsi tout en douceur vers le service de réanimation du centre hospitalier.

Malgré la forte brume et les larmes qui envahissent les visages, me voici arrivé au CHU, je suis toujours en vie mais pour combien de temps.

"faire chapitre insallation en réa"

Après 12 jours de coma suivi de 10 jours d’hospitalisation au service de cardiologie, me voilà de retour chez les miens, et ce à plus grande surprise du corps médical !

La suite très prochainement (ma deuxième vie)

 

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